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Interviews

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La France reste de loin le pays où la consommation de rosé est la plus importante par habitant (11,7 litres en 2021) ou par consommateur effectif de vin (16,7 litres). Cavistes indépendants, enseignes et e-commerçants donnent leur point de vue sur ce marché à la veille du pic de consommation.

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Anne Lienhart, Pépites de vin, Bischwiller (Bas-Rhin)

« Du 1er avril au 30 septembre, le rosé représente 30% de mes ventes, pour 18% sur l’année complète. En 2022, le prix moyen était de 8,74 €. 75% des ventes de rosé sont réalisées en six mois et 65% entre le 1er mai et le 31 août. Il est vrai que cela s’arrête à la rentrée des classes. Cette année, la fourchette des prix s’établit de 5,30 € à 27 € pour une vingtaine de références. Je travaille avec deux vignerons alsaciens qui vinifient leur pinot noir en rosé, mais l’offre reste très marquée par le Sud, Provence en tête, puis les IGP pays-d’oc, Bordeaux, la vallée du Rhône, les corbières… et un peu de vin de Loire. J’innove chaque année, cette année avec un beaujolais, un mâcon et un savoie. Pour me différencier de la grande distribution et faire preuve d’originalité, je recherche des packagings un peu décalés, à condition bien sûr que le vin soit bon, comme ce vin de France venu du Sud-Ouest, 100% tannat, et baptisé “Les trois petits cochons roses”. »

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Maxime Lambert, Caves Bérigny, Fécamp (Seine-Maritime)

« Les rosés ont maintenant acquis leurs lettres de noblesse. Nous en proposons une trentaine toute l’année, et dix à vingt de plus en été, de toutes provenances, de France bien sûr – de la Loire jusqu’au Roussillon – mais aussi d’Italie, du Chili, d’Argentine, d’Espagne… C’est un marché qui s’est bien développé. Mais nous avons encore un important travail de prescription à effectuer, le rosé “vin de qualité” est une notion qui n’est pas toujours admise. Ici, nous sommes au bord de la mer, les rosés gris accompagnent très bien les fruits de mer, un peu moins les rosés de saignée. Les packagings les plus fun et les marques un peu décalées marchent bien. Les côtes-de-provence, plus traditionnels, séduisent une clientèle plus âgée, plus parisienne aussi. Nos rosés sont vendus de 5 € à 35 €, mais le cœur de nos ventes se situe entre 5 € et 12 €. Côté contenants, la bouteille de 75 cl reste en tête des ventes, mais le magnum plaît beaucoup. Et nous proposons toute l’année un costières-de-nîmes Château Mourgues du Grès  en bag-in-box. »

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Sébastien Ciret, Les Tontons Pinard, Rethel (Ardennes)

« Je persiste et je signe : du rosé, on en boit toute l’année. On a besoin de garder une gamme étoffée, une bonne douzaine de références, car la demande est là. Les vins de Provence restent en tête, ce sont ceux qui passent pour les plus qualitatifs. Mais on assiste à un éveil du Languedoc-Roussillon avec une clientèle plus jeune. On propose aussi un rosé de Gascogne, quelques vins de Loire, notamment le cabernet d’Anjou apprécié des femmes. On reste toutefois très Sud : Rhône, Vaucluse, Luberon, mais pas de tavel. On nous demande des rosés pâles, y compris le bordeaux qui est devenu aussi clair que les Provençaux. Le tout proposé entre 4,50 € et 29,90 €. Pour les occasions festives, le magnum et le jéroboam se développent, et même le mathusalem de 6 litres. En revanche, le Bag-in-Box est en baisse et intéresse surtout une clientèle vieillissante. »

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Christelle Taret, Les Caves du Parc, Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine)

« Cela fait longtemps que le rosé est considéré comme un vin de qualité. J’ai des clients qui ne boivent que ça toute l’année ! Mais sa consommation reste quand même très liée au soleil. L’été, la clientèle parisienne reste très attirée par les rosés de Provence. Je redécouvre néanmoins le tavel, même si la clientèle associe couleur claire et légèreté. Chaque année, nous testons un vin à la robe plus foncée. On le propose à la dégustation, sinon les clients ne l’achètent pas. Ce qui marche, en revanche, ce sont les rosés aromatiques, comme le bandol avec le mourvèdre, qui change un peu du cinsault. Le beaujolais aussi est très intéressant. On l’a même proposé en beaujolais nouveau cette année !

Nos prix vont de 6 € pour une syrah d’Ardèche à une quarantaine d’euros pour les grands domaines de Provence. On aime bien aussi travailler avec les différentes cuvées d’un même domaine. La plupart sont maintenant en bio et c’est un plus car les clients associent le bio à la qualité. En saison, nos vitrines sont décorées de façon à évoquer l’univers fleuri des rosés et nous proposons des accords mets et vins. Essayez le tavel avec le canard ! »

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Christopher Hermelin, responsable marketing et communication, Nicolas

« Depuis trois ou quatre ans, la consommation de vins rosés tend à redevenir davantage saisonnière. Historiquement, le rosé était un petit vin d’été, puis il a évolué, s’est valorisé, il y a eu un effet de mode mais il reste malgré tout un produit de saison. Il y a un aspect générationnel à prendre en compte : il existe une fracture entre les plus de 50 ans et les moins de 40. Les hommes plus âgés restent fidèles aux rouges, les femmes vont plus volontiers vers les blancs et les rosés, censés représenter la légèreté. La couleur est capitale : la notion de légèreté liée au rosé rose pâle est fondamentale dans l’acte d’achat. On boit d’abord avec les yeux. On propose tout de même une référence de tavel sur deux millésimes. Le réseau Nicolas propose 40 à 50 références de rosés, depuis les Petites Récoltes à 5 € jusqu’à 59,50 € pour le côtes-de-provence du Château d’Esclans. Dans l’inconscient collectif, la Provence reste vraiment liée au rosé, et le Sud en général. Cette année encore, Nicolas procède à la mise en avant promotionnelle des rosés, soutenue par l’animation des vitrines, la mise en place d’un îlot central dédié, des dépliants et autres supports publicitaires. »

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Lucie François, chargée de communication et assistante commerciale, Le Repaire de Bacchus

« Il y a un effet de saisonnalité pour la consommation de rosé, mais en février, dans les magasins Repaire de Bacchus, nous avons lancé une opération rosé-raclette qui a bien fonctionné. Si ces vins n’avaient pas été mis en avant, nous n’en aurions pas vendu. Les rosés sont devenus de très bons vins, de plus en plus travaillés en bio. Dès que le printemps revient, les jardins parisiens restent ouverts plus longtemps, on sent frémir la consommation. Si la Provence reste majoritaire, nous proposons aussi beaucoup de vins du Languedoc-Roussillon, de la vallée du Rhône, de Corse, du Sud-Ouest… et même du Beaujolais. Les rosés de Loire, en revanche, sont en baisse. On démarre avec un côtes-du-luberon La Vieille Ferme à 4,50 €, jusqu’à un AOC palette Château Simone à 39 €. Nous avons aussi des vins très intéressants de catégories IGP et vin de France. L’IGP méditerranée Figuière à 8,90 € se vend très bien. Bouteilles et magnums sont très vendus, et nous avons un BIB de 3 litres de marque Solis Lumen du Domaine Montrose à Pézenas très attractif. À l’évidence, l’effet packaging joue. »

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Jean-Christophe Gallois, directeur des opérations, Vin-malin.fr

« Il y a deux ans, nous avions lancé une opération de mise en avant de vins rosés, mais nous avons décidé de nous concentrer davantage sur les rosés de marque, certains de niche comme le côtes-de-provence bio du Château des Valentines. Les Minuty, Miraval, et autres rosés connus sont ceux qui ressortent. Beaucoup de rosés se ressemblent plus ou moins et on s’aperçoit que la saison est courte. À la fin, on se retrouve avec des stocks… C’est vrai qu’on en vend un peu toute l’année, mais le choix est si vaste que les clients s’y perdent. Nous en proposons 25, de 5,85 € à 220 € pour le magnum Muse de Miraval. »